Au Milieu du Village

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MON PROJET ECOLOGIQUE 2. ABREGE DES TECHNIQUES D'ASSAINISSEMENT DU MILIEU EN RDC

Émile ETUMANGELE ASEKE-KANGASEKE

Préface de Professeur Dieudonné MUSIBONO

Mon Projet Écologique

2

ABRÉGÉ DES TECHNIQUES D'ASSAINISSEMENT DU MILIEU EN RDC

Édition CRESEDIP-ISP/Gombe, Kinshasa

2017

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PRÉFACE

 

 

Une lampe allumée brise l’obscurité autant qu’une intelligence supérieure brise l’ignorance. Abrégé des techniques d’assainissement du milieu en RDC de la série « Mon Projet Écologique » répond bien à ce besoin d’éclairer la population congolaise en général et celle de Kinshasa, en particulier, sur la salubrité de leur cadre de vie.

 

En acceptant de rédiger la préface de cette publication, je me sens honoré par le choix de l’auteur, Professeur Emile ETUMANGELE ASEKE KANGASEKE qui essaie depuis quelques années de nous éduquer sur la gestion rationnelle de notre environnement.

 

Très riche et bien fouillé, cet abécédaire va certainement réveiller les Congolais en vue de bien se mobiliser pour la salubrité de leurs villes et pour la promotion de la santé environnementale.

 

Consultez cet ouvrage, chercheurs, décideurs, techniciens, étudiants et curieux, vous ne serez pas déçus.

Fructueuse lecture !

 

Kinshasa, le 2 juillet 2016

Pr. Dr.  D.E. Musibono

 

 

AVANT PROPOS

 

La ville, un espace dans lequel vit et grandit actuellement la majeure partie de la population, représente une importante étape de l’évolution sociale de l’homme. Pour maintenir son organisation et assurer son fonctionnement harmonieux, plusieurs agents interagissent dans le choix et les moyens d’action sous forme de décisions. Ces dernières affectent la structure et les fonctions de l’écosystème urbain en y apportant des multiples perturbations, dont la pollution urbaine avec sa cohorte de problèmes d’insalubrité (Etumangele, 2005).

 

En conséquence, prenant en compte des problèmes écologiques qui se posent en ville suite à la forte pression des activités anthropiques, on est en droit d’admettre qu’en soit, l’urbanisation industrialisée ou non, crée des problèmes délicats qui requièrent une attention particulière et soutenue de décideurs et de tous les résidents des milieux urbains.

 

C’est donc et en fait une question d’écologie urbaine laquelle, dans ce contexte, se conçoit d’une part comme un domaine émergeant de l’Ecologie pour aider les citadins à comprendre les ressources naturelles disponibles de leurs communautés et de s’employer à les protéger ; et d’autre part, comme une base de toute planification urbaine responsable (Sukopp, 2004).

 

C’est à juste titre que la dégradation de l’environnement due au polymorphisme de la pollution et la problématique de la gestion des déchets viennent de plus en plus au cœur des débats les plus importants à travers le monde.

 

En République Démocratique du Congo (RDC), la Loi n°11/009 du 09 juillet 2011 portant Principes fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement fixe les directives générales visant à conduire la gestion durable des ressources naturelles et de l’environnement tout court. Après la publication en 2012 du premier ouvrage intitulé « Comprendre la protection de l’environnement » de la série « Mon projet écologique », ce livre se présente, encore une fois, comme la contribution de l’auteur au processus d’élaboration des mesures d’application de ladite loi, portant particulièrement sur le danger de la pollution et la nécessité d’assainir notre milieu de vie.

 

En substance, les coûts élevés, les risques environnementaux liés aux méthodes et techniques de traitement ou la nature du déchet, les réticences politiques, l’attentisme du législateur et les craintes, parfois justifiées, parfois irrationnelles, des particuliers de voir des unités de traitement de déchets s’installer dans leur voisinage sont là, autant de défis auxquels se trouve encore confronté aujourd’hui le secteur d’assainissement dans beaucoup de pays, sans dissocier la RDC.

 

Par ces aspects écologiques, économiques et politiques étroitement combinés et enchevêtrés, la prévention et la correction de la pollution urbaine par une gestion rationnelle des déchets, partie intégrante de la protection environnementale plus ou moins négligée, il y a peu, deviennent depuis quelques décennies, une grande et sévère interpellation pour tous, gouvernants comme gouvernés. C’est certainement au regard de l’ampleur de la question, qu’on voit l’urgence et les contraintes budgétaires commencer à conduire les uns et les autres à préférer des solutions de facilité à court terme, tels que les centres d’enfouissement technique (CET) et des unités d’incinération isolées ou imprudemment incorporées (Balet, 2008).

 

Cet ouvrage tient ainsi à montrer la nécessité d’aboutir à une gestion rationnelle des déchets dans un contexte fondamentalement écologique, à dresser un résumé de ce qui se fait et ce qui aurait pu être fait dans le secteur, et à permettre au lecteur d’avoir une vue panoramique de ce qu’est l’assainissement et, peut-être, de trouver des pistes de recherche.

 

Il a été rédigé à partir des données obtenues dans le cadre des mémoires dirigés par l’auteur, des observations personnelles au cours d’excursions scientifiques et de participations aux conférences et ateliers, ainsi que des données disponibles dans la littérature et celles tirées d’une double expérience de député national et de professeur titulaire du cours d’assainissement du milieu dans les Universités et Instituts supérieurs.

 

La question d’assainissement étant fondamentalement complexe, un ouvrage aussi concis que celui-ci reste loin d’en rendre un exposé complet.

 

L’auteur.

INTRODUCTION GÉNÉRALE

  1. 1.   Aperçu terminologique

Le développement et la compréhension de tout système requièrent, avant tout, une bonne maîtrise conceptuelle de prémices. La problématique de l’assainissement du milieu gravite autour d’un arsenal important des concepts que l’on ne saurait négliger en amont de la compréhension, quand bien même la prétention d’y définir systématiquement tous ces concepts plastronne un pur assaisonnement de la rêverie béate. Qu’à cela ne tienne, il convient de présenter succinctement l’explication fournissant au préalable la signification de certains mots clés.

Au centre de tout effort d’assainissement se place la salubrité. D’une manière simplifiée, ce terme peut être compris dans son acception la plus perceptible qui est la qualité de ce qui est salubre, ce qui est sain. Par extension littéraire, il demeure une qualité qui caractérise un objet, un milieu ou un être en ce qu’elle favorise, selon les cas, les équilibres sanitaire, écologique, social, économique, etc. Cette vision plus large de la salubrité impose la nécessité d’une contextualisation, mieux d’une précision d’option. C’est ainsi que ce livre aborde des questions liées à l’environnement et au milieu public. Il vise à replacer dans le contexte précis la salubrité environnementale ou la salubrité publique.

Par salubrité environnementale, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) entend « l’ensemble de facteurs physiques, chimiques et biologiques exogènes et tous les facteurs connexes influant sur les comportements ». Cette notion recouvre l’étude des facteurs environnementaux susceptibles d’avoir une incidence sur la santé, ainsi que la lutte contre ceux-ci.

Quant au concept salubrité publique, la même organisation internationale précise qu’« il constitue un élément de l’ordre public correspondant à l’absence de maladie et de risque des maladies, assuré et maintenu grâce à des prescriptions administratives relatives à l’hygiène des personnes, des animaux, des choses et du milieu ».

Dès lors, on comprend comment la notion de salubrité affectée ou non d’une épithète requiert constamment les rapports entre l’homme, pris individuellement ou collectivement, et son milieu. Dans cet entendement, est insalubre tout ce qui est malsain ou mauvais pour la santé. Ce concept signifie également ce qui est impur, malpropre, mauvais, nuisible. C’est pourquoi il relève du devoir des municipalités (Communes ou territoires administratifs) d’assainir les quartiers insalubres des villes concernées.

La pollution constitue un autre terme qui mérite un éclairage en amont du corps de cet ouvrage. Elle revient régulièrement dans les deux premiers chapitres de la première partie de ce livre. Elle peut être plus simplement comprise comme une dégradation d’un milieu naturel par des substances extérieures, introduites de manière directe ou indirecte par les activités humaines. Définie comme telle, la pollution prendra différentes formes en fonction des éléments qui en sont la cause profonde, voire des activités génératrices.

Le concept central reste l’assainissement. Dans sa compréhension commune, l’assainissement se rapporte à l’ensemble des moyens de collecte, de traitement et d’épuration des eaux usées et/ou des déchets solides avant leur rejet dans le milieu naturel, celui-ci pouvant être un cours d’eau ou simplement le sol (ADEME, 1998).

Ce qui précède conduit directement à la notion de milieu de vie. À toute fin utile, un milieu de vie, ou biotope, est un milieu relativement stable identifié par un certain nombre de caractéristiques géologiques, géographiques et climatologiques qui déterminent les conditions de vie des êtres qui y vivent. Il est caractérisé par les qualités des cinq éléments indispensables suivants : l’eau, le sol, l’air, la lumière et la température. Il n’arrive pas toujours que ces éléments constitutifs soient tous réunis pour permettre aux êtres vivants de mener sans incommodité leur vie. C’est à ce niveau qu’intervient naturellement la notion de milieu écologique qui, par définition, est un espace dans lequel se développe un être vivant, y compris l’homme, et où il trouve sans s’inquiéter tous les éléments qui satisfont ses besoins. Autrement dit, si le milieu de vie relève d’une considération théorique plus ou moins souple d’appréhension, le milieu écologique renferme une exigence assez stricte qui le rend facilement plus vulnérable et difficile à retrouver à cause de l’action touche à tout de l’homme (Etumangele, 2010b).

 

  1. 2.       Intérêt pour l'assainissement du milieu de vie

De ce qui vient d’être stigmatisé, retenons qu’il y a lieu de déduire qu’un milieu de vie peut ne pas équivaloir un milieu écologique qui implique le satisfecit des conditions vitales. Dans ce contexte, l'intérêt de l'œuvre d'assainissement du milieu de vie se révèle dans la recherche, la création et la maintenance des milieux écologiques. C’est-à-dire le maintien des éléments du milieu de vie selon que ce milieu équivaut le milieu écologique ou, dans le cas contraire, la transformation ou la création du milieu écologique.

Dans un contexte strictement humain prenant en compte le boum démographique et la promiscuité qu'il engendre particulièrement en milieu urbain, l'assainissement consiste, d'une part, à l'évacuation des eaux usées et pluviales afin de les canaliser vers un réseau d'épuration avant leur rejet dans la nature et, d'autre part, à la collecte, à l'évacuation et au traitement des déchets solides d'origines diverses.

Il s'agit d'une œuvre qui requiert des moyens financiers, humains, et surtout une technicité ainsi qu’une appropriation par le Pouvoir public et même une implication des communautés (Rossel et Rozec, 2003). 

Les techniques sont un moyen de résoudre des problèmes, certes, mais elles n'ont pas de valeur si elles sont séparées de leur contexte. Il n'y a donc pas de techniques nobles, ni de techniques au rabais. Par contre, il existe des techniques efficaces permettant de remplir un objectif précis compte tenu de l'environnement culturel, socio-économique et politique. Autant dire que dans la pratique, il n'est pas aisé de déterminer l’efficacité d’une technique lorsque les conditions locales sont difficiles. C'est sans doute dans ce contexte qu'il s'est toujours avéré plus facile de développer des techniques sophistiquées lorsque l'on dispose de moyens financiers importants.

Quatre facteurs rendent la tâche de l'assainissement du milieu très difficile dans les pays en développement. L’expérience décrite par le Professeur Dieudonné Musibono dans son ouvrage intitulé « Du marasme d’un Etat-squelette aux défis du développement durable. Gestion de l’environnement au Congo-Kinshasa : cueillette chronique et pauvreté durable », et l’observation quotidienne permettent d’admettre que la RDC se trouve dans la fourchette de ces facteurs.

Ces facteurs sont, notamment :

  • Une démographie en forte croissance et une urbanisation galopante, à caractère souvent spontané et imprévisible.
  • Des revenus très bas face aux coûts et aux charges fonctionnelles des structures d'assainissement.
  • Un retard de l'alimentation et une faible consommation d’eau qui retardent souvent les travaux d'assainissement ; et,
  • Une culture de paresse qui cherche constamment à épargner la population, pourtant bénéficiaire, de son implication réelle aussi bien dans la réalisation que dans l'entretien des ouvrages d'assainissement existants.

Outre ces quatre facteurs, il s'ajoute un autre facteur naturel dont l’importance est parfois moins perceptible mais dont l’influence sur l’efficacité des travaux d’assainissement reste très déterminante. Il s’agit du climat chaud qui modifie sensiblement les conditions de fonctionnement des ouvrages (Wang and al., 2001).

Ces facteurs justifient pleinement la recherche des solutions qui tiennent compte de l'évolution prévisible du revenu de ces pays et conditionnent l’efficacité de tout projet dans le domaine d’assainissement. C’est pourquoi, pour plus d’efficacité et de réalisme, il convient de prendre en compte les exigences pratiques suivantes :

  • la conciliation entre, d'une part, une population qui, dans le cas de la RDC, augmente encore de 2 à 3 % par an et, d'autre part, un taux d'urbanisation en forte progression. Non prise en compte, cette exigence pourrait constituer un obstacle sérieux dans la réalisation d’une œuvre d’assainissement ;
  • le coût d'un assainissement complet à normes élevées. Cette exigence montre qu’une œuvre d’assainissement réussie représente un investissement qui dépasse le produit national brut (PNB) de la plupart des pays en voie de développement.
  • le retard dans l'alimentation en eau dans les quartiers habités. Ce retard a conduit, dans beaucoup de pays, à un retard encore plus considérable de l'assainissement effectif (Abdou, 2010).

 

  1. 3.                 Objectifs et public cible

3.1             Objectifs de ce livre

Nous avons conçu cet ouvrage pour tenter d’apporter une modeste contribution à l’épineuse et binaire question de salubrité-insalubrité qui se pose actuellement avec acuité dans la plupart des villes d’Afrique en général et dans celles de la RDC en particulier. Comme nous avons pu le démontrer à d’autres occasions, « … à cause d’un attentisme permanent relayé par les effets aussi pervers que continus des guerres, les écosystèmes urbains singulièrement de la RDC présentent des avenues couvertes de sable, une ornementation omniprésente par des sachets en plastique non biodégradables et usés qui bouchent les collecteurs d’eau et empêchent la percolation des eaux pluviales, une stagnation des eaux devenant puantes, des fumées noires témoignant l’ampleur de la pollution atmosphérique et, bien sûr, des montagnes d’immondices » (Etumangele, 2010a).

Dès lors que les évidences d’insalubrité qui ont milité en amont de la réalisation du livre sont claires, les objectifs et le public cible deviennent facilement définissables.

A cet effet, cet ouvrage tient à rendre ses usagers capables de (d') :

  • présenter de façon assez claire la vision de ce qui peut être réalisé pour l'assainissement compte tenu du contexte local.
  • procéder à une remise à jour et une réactualisation des connaissances de base nécessaires à un technicien ou à un responsable de service d'assainissement ou encore à tout autre décideur.
  • expliquer les techniques d'assainissement adaptées aux conditions du milieu.
  • choisir une technique d'assainissement à appliquer dans des conditions précises, selon qu'il s'agisse de l'eau ou des déchets solides ; et,
  • concevoir un projet de développement sur l'assainissement du milieu en tenant compte des réalités environnementales locales.

 

3.2            Public cible

Si tels peuvent se présenter comme objectifs du livre, alors la voie de la définition du public cible se voit clairement tracée. Il suffit de se poser une question sur le sujet agissant de chacun de ces objectifs pour en déduire la réponse. D’une manière graduelle, on se poserait légitimement les interrogations suivantes :

(1) Quelle est la personne susceptible de présenter une vision de l'assainissement d’un pays, d’une province, d’une entité ou d’un milieu public quelconque ?

(2) A qui revient la tâche de la remise à jour et de la réactualisation des connaissances de base nécessaires à un technicien ou à un responsable de services publics d'assainissement ?

(3) Sur qui repose la responsabilité d’expliquer aux autres les techniques d'assainissement adaptées aux conditions spécifiques d’un milieu ?

(4) A qui assignerait-on la mission de choisir une technique d'assainissement à appliquer dans des conditions précises, selon qu'il s'agisse de l'eau ou des déchets solides ?

(5) A qui revient la charge de concevoir un projet de développement sur l'assainissement du milieu en tenant compte des réalités environnementales locales ?

A la suite des réponses librement fournies aux interrogations ci-dessus, d’aucuns seront permis d’établir une liste non exhaustive de destinataires de cet ouvrage qui peuvent figurer parmi les législateurs, les dirigeants politiques du secteur exécutif, les enseignants des filières techniques impliquant l’assainissement dans le cursus de formation les concernant, les agents des services public et privé d’assainissement, les étudiants et les citoyens en général.

En tenant compte des interactions socioprofessionnelles et des responsabilités juridiques des uns et des autres, ce livre pourrait avoir particulièrement comme public cible les décideurs politique, l’enseignant, l’étudiant ou le citoyen tout court.

  1. 4.       Contenu en bref

Si le monde était exempt de la pollution, l’intérêt pour l’assainissement ne présenterait pas autant d’ardeur dans la communauté humaine. C’est sur fond de la réaction à la juste mesure des effets de cette pollution que se sont construits, au fil des années, les efforts des hommes pour l’assainissement. De cette compréhension des choses s’impose la maîtrise de la notion de pollution, objet du premier chapitre de cet ouvrage.

Le deuxième chapitre porte sur la juxtaposition de la pollution et la protection de l’environnement ; la seconde étant une justification responsable à la contrainte que dicte la première. Ce chapitre définit et fournit le bien-fondé de la connaissance de l’environnement et effectue une escale, non sans intérêt, sur la notion d’écocitoyenneté.

Au centre de la pratique de l’assainissement se trouve le très controversé concept de déchet. Quid de ce terme ? Certains pensent qu’il s’agit d’une ressource utile, d’autres estiment qu’il est un danger permanent et une source de misère. Comment trancher toutes ces appréhensions ? C’est justement l’objet du troisième chapitre.

Au demeurant, l’un des problèmes qui se posent avec le plus d’acuité en assainissement est sans nul doute la gestion en amont et en aval des eaux usées. Aussi, trois chapitres ont-ils été conçus pour permettre, d’une manière consécutive, la juste compréhension échelonnée de cette question. Le quatrième chapitre présente le contexte général de l’assainissement de l’eau, le cinquième porte sur les techniques d’assainissement de l’eau, le sixième chapitre a trait à la gestion des eaux usées considérées comme véhicules de déchets en milieu urbain. Pour être complet, cette deuxième partie de l’ouvrage se clôture par une notion éminemment pratique. C’est celle de la fosse septique, objet du septième chapitre, avec tout ce que cela implique des avantages, principes de fonctionnement, techniques de construction, dimensionnement ainsi que l’entretien et la résolution pratique des problèmes y relatifs.

Que dire des déchets solides en milieux de vie ? A ne prendre que le cas de la ville-province de Kinshasa, « Kin la belle devenue Kin la poubelle », les déchets solides sont un casse-tête qui, malheureusement, préoccupe moins toute la constellation d’acteurs du secteur d’assainissement. Des efforts entrepris dans cette mégapole d’Afrique centrale depuis le début de la deuxième décennie des années 2000 ne sont pas très loin d’une réalité apparente. Kinshasa s’évertuerait de s’apparenter à une ville martyre écologique (VME). Deux chapitres sont une approche à cette inquiétante problématique. Il s’agit, d’une part, des ordures ménagères et déchets municipaux solides (DMS), objet du huitième chapitre. Ce chapitre décrit les ordures ménagères, la collecte et l’adhésion des usagers, les modes de collecte, les véhicules et conteneurs, la mise en décharge ainsi que la réglementation, l’organisation et le coût de service ; d’autre part, d’une étude des cas portant tour à tour sur trois villes africaines, à savoir : Kinshasa, Lilongwe et Accra. C’est le neuvième chapitre.

La quatrième et dernière partie de ce livre concerne les déchets dangereux, les acteurs et la valorisation du secteur. Il s’agit des matières d’intérêt à la limite d’utilité et de nocivité des déchets. En effet, alors que le dixième chapitre décrit les déchets toxiques et dangereux, le onzième porte sur les acteurs du secteur d’assainissement, allant des producteurs des déchets aux utilisateurs des produits valorisés, avec une mention spéciale sur la nomenclature des déchets.

Enfin, comme d’aucuns le savent aujourd’hui, les nécessités de réduction de la pollution, d’économies d’énergie et de gestion des ressources naturelles (GERENA) ont transformé le traitement des déchets en donnée incontournable pour la survie de la planète. Aussi, le problème du devenir des déchets se pose-t-il d’une façon aiguë. La plupart des déchets sont des produits qui peuvent être valorisés et devenir des véritables matières premières secondaires. C’est la valorisation des déchets municipaux solides, notamment par recyclage et par compostage ; matière constituant l’essentiel du douzième et dernier chapitre de cet ouvrage.

 

  1. 5.  Prérequis nécessaire

Ouvrage à la fois technique et pratique, ce livre requiert un minimum de connaissances de la part de son usager en vue d’en tirer plus facilement le maximum de profit qu’il contient. En effet pour en effectuer une lecture utile, l'usager devrait avoir un niveau appréciable dans les branches scientifiques de base, notamment en Chimie, Biologie, Mathématiques et Physique. Outre ces disciplines scientifiques de base, une connaissance élémentaire de Géographie, de Civisme et d’économie politique pourrait faciliter la compréhension de certaines matières.

 

 

CONCLUSION GENERALE

 

La question de l’assainissement du milieu passe actuellement pour une urgence planétaire, d’autant plus que des formes croisées de pollution générée par les activités anthropiques subissent sans cesse des mutations, très peu favorables tant à la santé humaine qu’à l’environnement. La situation est tellement préoccupante qu’elle imposerait à l’homme de cesser de croire, dans sa vie quotidienne, que c’est l’environnement qui doit s’adapter à son rythme, puisque réellement et avantageusement, c’est le contraire qui est vrai.

C’est dans ce contexte que cet ouvrage se présente comme une contribution à l’épineuse question binaire de salubrité-insalubrité qui se pose affreusement dans les grandes métropoles de pays à faible revenu, avec un accent particulier sur la ville de Kinshasa.

Cela étant, autant il en appelle à la promptitude pour la construction d’ouvrages d’assainissement efficaces, parfois onéreux et techniquement moins accessibles à tous, autant ce livre en appelle à une véritable « tyrannie de petites décisions ». Car face à la menace croissante des écosystèmes urbains par le polymorphisme de la pollution, une prise de conscience collective et surtout individuelle devrait être conséquemment requise. L’on croit par moment à tort que ce n’est pas assez qu’une personne puisse sauver le monde. Et pourtant, sans exempter l’Etat de son obligation constitutionnelle de veiller à la protection de l’environnement et à la santé des populations, c’est assez (!), et cette personne peut être vous.

 

Professeur Émile ETUMANGELE ASEKE-KANGASEKE



22/06/2018
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