Au Milieu du Village

Chers frères et soeurs,

Je voudrais juste vous rappeler de notre projet de "réouverture du tronçon Hiukambuluku - Rivière Lukenie" qui a l'avantage et la lourde charge de traverser les villages occupés par près de la moitié de notre population Lukfungu. Je vous précise que nous sommes entrain de toquer par-ci par-là pour l'obtention éventuelle de financement. Toutefois et réalisme oblige, il existe une force adverse qui s'époumone corps et âme pour torpiller tous ces efforts dès leur début d'expression et d'exécution. C'est ainsi que, sous ma modeste supervision, vos rares frères et sœurs qui aiment encore notre Lukfungu comme vous, s'encouragent héroïquement à ne pas compter exclusivement sur ces éventualités de financement sollicitées à partir de Kinshasa, ce village des fauves et gros caïmans. Nous nous encourageons ainsi à commencer par faire quelque chose de concret, quitte aux bons samaritains de se joindre à nous quand ce sera possible. D'où un petit lot du matériel obtenu sur fonds propre est sur l'eau en direction de Lukfungu.

Prière ne pas hésiter à mettre la main dans la pâte. Cette affaire est nôtre. Ne nous compliquons pas inutilement en cherchant de réunir des montants colossaux ou du matériel sophistiqué pour nous manifester. Une machette suffit, une houe vaut la peine, une coupe-coupe est un exploit, une hanche est une solution, une brouette est une support, une tenue salopette (combinaison) est un secours, une plaquette d'aspirine pour un cantonnier fiévreux est une attente, un dollar américain ou équivalent est une grande contribution, un conseil pratique est bon et, les parents nous seront tous reconnaissants.  

On a constaté une hausse vertigineuse de prix de sel sur le marché à Lodja; situation qui vient de porter 500 Fc le prix de la plus petite mesure "mmata" ou "kokoho y'abele" qui se vendait il y a un mois à 100 Fc. Nous en profitons pour vous dire que dès demain mercredi 13 mars, 100 sacs de sel seront distribués à tous les foyers de Lukfungu répartis en plus de 60 villages (localités et sous-localités).

Pourquoi dois-je vous informer de cette nouvelle ?

L'essentiel ne doit pas être de toujours distribués des solutions curatives aux nôtres chaque fois que se produiront des pareilles épisodes de crises socio-économiques. L'essentiel, si nous nous voulons pragmatiques et prévoyants, c'est de rendre les nôtres capables de faire face, tant que faire se peut, à des tels cas de crises spontanés et à bien d'autres, sans qu'ils attendent nécessairement une suite de notre côté. c'est en fait une éducation à l'auto-responsabilisation qui doit générer une induction à la prise en charge de soi de notre communauté.

Dans ce contexte, le rôle de la route ne nécessite nullement de démonstration. Elle facilite le contact entre les peuples par la circulation des biens et des personnes. Si nos petites routes étaient praticables, un grain de sel quitterait facilement les centres de Lodja et Bena-Dibele pour se retrouver facilement à Dolo Otanga et/ou à Pokanganga dans le groupement de Ndjele; pourquoi pas aux villages Dibongo et Kela qui constituent les deux bouts riverains de Lukfungu sur la Lukenie au Nord et sur la Lubefu au Sud ?

Pour ce faire, la réhabilitation de nos tronçons routiers de desserte agricole répondra naturellement à ce besoin. Et ainsi, nous cesseront ou, tout au moins, nous seront moins sollicités aux questions urgentes de porté curative à large spectre. Le tronçon Hiukambuluku - Rivière Lukenie ne serait qu'un premier essai puisqu'il en existe encore d'autres (Lotoko - Kela, Va - Bola, Londa - Okeke et Omende - Yombo).

Je vous précise que l'engouement de la population constitue un précieux atout pour ce projet et, nous devons en profiter puisque la vie humaine est naturellement très dynamique.

Ponde lo wedi wakinyu, lee onto l'onto.

Onengengu,

Emile Etumangele ASEKE