Rapport de vacances parlementaires
République Démocratique du Congo
Assemblée nationale
2ème Législature de la 3ème République
RAPPORT
DES VACANCES PARLEMENTAIRES
Août-Septembre 2012
Par
Honorable ETUMANGELE ASEKE KANGASEKE Emile
Député National
Elu de la circonscription électorale de Lodja,
Province du Kasaï Oriental
Kinshasa, Octobre 2012
TABLE DES MATIERES
I. SUR LE PLAN POLITIQUE ET ADMINISTRATIF .....5
I.1. De la carte postale du Territoire de Lodja ………………..…5
I.2. De l'exercice du pouvoir public …………………………………6
I.3. De la sécurité des biens et des personnes …………………...7
I.4. Du respect des droits de l'homme et du citoyen …………8
I.5. De la justice distributive ………………………………………..…9
I.6. Du fonctionnement des centres pénitenciers…………..…10
I.7. Des tracasseries administratives et policières …………….11
I.8. De la situation des agents de carrière des services
publics de l'Etat dépendant du pouvoir central …………..13
I.9. De la spoliation du patrimoine de l'Etat …………………..15
I.10. Du respect des frontières ………………………………………..17
I.11. Des conflits de pouvoir coutumier ……………………..……17
I.12. Des conflits fonciers ……………………………………….……..19
II. SUR LE PLAN ECONOMIQUE ET FINANCIER …. 22
II.1. De l'état des infrastructures à caractère économique...22
II.2. De la production et de la commercialisation des biens.25
II.2.1. De la production agricole vivrière……………………..…22
II.2.2. De la production agricole industrielle…………………..26
II.2.3. Production minière : le diamant ……………………….…28
II.3. De la circulation de la monnaie ………………………………28
III. SUR LE PLAN SOCIAL ET CULTUREL …………….….30
III.1. De l'état des infrastructures à caractère social ………...30
III.1.1. Infrastructure à caractère scolaire………………..…….30
III.1.2. Infrastructure à caractère universitaire……………….32
III.1.3. Infrastructures hospitalières……………………………..35
III.2. De l'accès à l'enseignement primaire, secondaire,
professionnel, supérieur et universitaire ………..…..….37
III.3. De l'administration des soins de santé …………….…....39
III.4. De l'accès aux soins de santé ………………………..…..….40
III.5. De la prise en charge des personnes vulnérables ..…...41
III.6. De la prévention des maladies …………………………......42
III.7. De la promotion de l'égalité de chances entre les sexes ….....44
III.8. De la sécurité sociale ……………………………….……….….46
III.9. De la protection de l'environnement et des
Ecosystèmes ……………………………………………………….49
III.9.1. La déforestation………………………………………….….50
III.9.2. L'élevage des bovins : une énigme……………….……..52
III.9.3. La dégradation des sols …………………………….…….53
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS ………………………57
1. Au gouvernement central ………………………….…………..57
2. Au gouvernement provincial………………………………….59
3. Aux autorités politico-administratives de Lodja ….….61
4. Aux élus du peuple…………………………………………..……63
5. A la population …………………………………………………….64
ANNEXES ………………………………………………….……………………65
Préambule
La première session parlementaire de la seconde législature de la Troisième République en République Démocratique du Congo s'est vue prolongée d'une Session Extraordinaire de trente jours. Sa clôture en mi-juillet 2012, a coïncidé avec le début de premières vacances parlementaires de la Législature en cours.
Conformément à l'article 125 du Règlement intérieur régissant notre Assemblée nationale, nous nous sommes astreint à dresser un rapport de nos vacances parlementaires à l'issue de ces dernières.
En effet, selon cette disposition réglementaire, les vacances parlementaires ont été pour nous un moment privilégié pour prendre langue avec notre base de Lodja et de palper du doigt les réalités du terrain.
En vue de fournir à la hiérarchie un aperçu global de la vie des nos électeurs, ce rapport n'est qu'un récit du constat fait pendant la courte période de notre séjour à la base et avec notre électorat. Il est limité aux seuls plans politique, administratif, économique et social.
Il convient de préciser à ce niveau également, que le présent rapport des vacances parlementaires passées à Lodja ne relève que les préoccupations de la base en termes des difficultés, des contraintes et des désidérata de la population du Territoire de Lodja et de ses dirigeants qu'il y a lieu de transmettre aux décideurs afin que des solutions adéquates y soient apportées.
L'essentiel de ces matières est présenté en trois points, à savoir d'abord sur le plan politique et administrative, ensuite sur le plan économique et financier et, enfin, sur le plan social et culturel. Ce rapport se termine par une conclusion et recommandations.
I. SUR LE PLAN POLITIQUE ET ADMINISTRATIF
Il est connu de quiconque que dans le monde moderne, la vie d'un peuple reste intimement liée à l'organisation et au fonctionnement de ses structures politiques et administratives. Tant il est vrai que le « politique » transcende l'ensemble d'autres secteurs de la vie de ce peuple.
A Lodja, cette considération trouve toute sa quintessence et se justifie par l'influence du fonctionnement de l'appareil politique et administratif sur les autres secteurs de la vie (économie, social, éducation, culture, etc.) de nos électeurs.
I.1. DE LA CARTE POSTALE DU TERRITOIRE
DE LODJA (annexe-1)
Lodja est une grande cité située au centre, à la fois, du district de Sankuru et de la République Démocratique du Congo. Otetela est la langue parlée par plus ou moins 98 % de la population estimée à 323.185[1] habitants dont 230.846[2] adultes en âge électoral.
I.2. DE L'EXERCICE DU POUVOIR PUBLIC
A Lodja comme dans le reste de la République, il n'y a pas encore eu des élections aux niveaux local et municipal. En conséquence, les animateurs de services publics de l'Etat sont ceux hérités de la « Transition politique d'avant 2006, année au cours de laquelle furent organisées les premières élections pluralistes ayant consacré la Première Législature de la Troisième République. Dans la petite territoriale, c'est-à-dire, de l'Administrateur du Territoire au Chefs des Secteurs en passant par les responsables de services, ce sont des arrangements entre les politiciens victorieux des élections (nationales et provinciales) de 2006 qui ont négocié, décidé et décident encore de multiples mises en place successives.
En conséquence et comme le déplorent les fonctionnaires concernés, il y a insécurité permanente. Un agent pouvant à tout moment se voir éjecté de son poste sur injonction d'un leader politique qui ne le supporterait pas. Il en est de même des permutations punitives infligées à certains agents de l'Etat du fait de leur opinion ou conviction politique. Cet état de choses est aussi constaté chez les Chefs des groupements.
Par contre, les animateurs principaux des services spécialisés (ANR, PNC, PARQUET, TRIPAIX, DGM, AUDITORAT MILITAIRE, …) et dans une certaine mesure leurs collaborateurs immédiats, bien que parfois appuyés par des leaders politiques locaux, sont désignés par leurs hiérarchies respectives auxquelles ils font rapport.
I.3. DE LA SECURITE DES BIENS ET DES PERSONNES
L'objectif fondamental de tout Etat est d'assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. Toute faille enregistrée dans ce secteur entraîne directement des conséquences néfastes, parfois très fâcheuses dans d'autres secteurs de la vie.
A Lodja, si les responsables de ce secteur déclarent que tout est calme et que toute la population vaque librement à ses occupations, la population concernée dénonce des cas d'actes de vandalisme aussi bien à la cité de Lodja que dans quelques secteurs du Territoire. Ce sont des cas d'incendie des maisons et des bagarres entraînant des blessures graves et parfois des morts d'homme au centre de Lodja, à Kondo-Tshumbe et à Lukfungu.
Des cas d'extorsion et de concussion sont devenus monnaie courante dans la période post-électorale à Olemba, probablement en réaction à l'invalidation dont a été victime un député originaire de ce secteur, pourtant proclamé provisoirement élu par la CENI. Dans l'ensemble, il règne un calme relatif.
I.4. DU RESPECT DES DROITS DE L'HOMME ET DU CITOYEN
Notre séjour n'ayant pas été très prolongé pour comparer des témoignages, nous nous limiterons à dénoncer des cas graves de non respect des droits de l'homme et du citoyen constatés chez la majeure partie des détenus rencontrés à la prison centrale de Lodja.
En effet, nous avons eu des entretiens avec une cinquantaine de prisonniers parmi lesquels des policiers, des militaires et des civils ; des hommes et des femmes. Heureusement, aucun mineur.
Selon ces prisonniers, beaucoup sont arrivés-là à la suite d'une simple demande verbale d'un citoyen dont ils seraient redevables de petites sommes d'argent ou avec qui ils auraient eu des prises de bec de diverses natures. Au lieu de suivre la procédure normale, les autorités font conduire soit directement, soit après un jour, au cachot de l'Etat-Major District de la PNC, du Groupe de la PNC, du Parquet, du Tribunal de paix, de l'ANR, etc.
I.5. JUSTICE DISTRIBUTIVE
Des contacts que nous avons pris, il ressort qu'il existe un grand déséquilibre dans l'accès aussi bien aux postes de responsabilité publique qu'aux bénéfices de service.
En effet, dans la pratique de la justice à Lodja tout le monde n'est pas égal devant la loi ; les plus faibles subissant celle de plus fort. C'est ce qui justifie la présence arbitraire et le séjour inutilement prolongé à la prison centrale d'un bon nombre de compatriotes militaires, policiers et civils.
La distribution de la justice, c'est aussi l'accès au travail et aux intérêts que génère celui-ci. Ici la population dénonce l'influence des politiciens qui exercent une sélection subjective et une imposition dans la désignation des responsables des services publics de l'Etat censés rester apolitiques. De même en dehors de leur salaire qui n'arrive que tardivement, certains services de l'Etat (santé publique, agriculture, justice et tribunaux, …) bénéficient des primes alors que les autres se voient non concernés.
I.6. DU FONCTIONNEMENT DES CENTRES PENITENCIERS
Construit dans les années 60, le bâtiment de la prison centrale du territoire de Lodja affiche un état de délabrement très avancé. Nous n'en voulons pour preuve, les photos ci-dessous (annexe-2) montrant ses vues de face et de profil en destruction pitoyable de sa partie Ouest. Les cellules sont parfois sans porte et partout, une insalubrité indicible, partout du noir comme le charbon de Luena.
Quant aux conditions de détention proprement dite, nous avons eu l'impression de rencontrer les prisonniers malades à plus de 80 %. Les installations sanitaires ne sont pas bonnes et seraient l'une des causes majeures de maladie. Elles n'existent en fait que de nom puisque bouchées, et l'on peut s'imaginer les conditions dans lesquelles ces compatriotes se soulagent. Le puits servant de source d'eaux est sans eau et suintant. Il est malheureux d'entendre que les prisonniers malades ne bénéficient pas facilement de soins nécessaires en début de maladies. C'est souvent quant la situation se détériore que l'autorité pense au transfert des prévenus malades vers l'hôpital général. C'est ce qui est arrivé aux prisonniers morts, l'un quelques jours après son transfert à l'hôpital et l'autre sur place à l'intérieur de la prison centrale, le 21 Mars 2012 vers 20h30.
Nous exhortons le Directeur de la prison du territoire de Lodja à continuer avec ses efforts de protéger, tant soit peu, les compatriotes détenus en attendant d'éventuelles interventions du pouvoir public et/ou des humanitaires.
I.7. DES TRACASSERIES ADMINISTRATIVES ET POLICIERES
La cité de Lodja, siège des institutions du territoire qui porte le même nom, a l'avantage de se situer géographiquement au centre du territoire et même district. Quatre de ses huit secteurs partagent les limites avec la cité. Il s'agit de secteurs des OLEMBA, LUTSHIMBA-EDUO-PIETE-KOLOMBE, VUNGI et NAMBELO-LOHEMBE. Les autres secteurs (LUKFUNGU, AHAMBA A MANGE, KONDO-TSHUMBE et WATAMBULU) sont périphériques et leurs populations ne peuvent atteindre la cité de Lodja qu'après une traversée, devenant parfois un cauchemar pour d'autres.
Au centre de Lodja, ce sont les opérateurs économiques qui se plaignent de la multitude de taxes dont on ne voit en retour aucune réalisation d'intérêt public. Ils ajoutent à ces tracasseries, celles dont certains groupes de jeunes seraient auteurs, en ce sens qu'ils se mêleraient parfois dans des conflits entre marchands et policiers.
A côté des opérateurs économiques, il y a les étudiants qui se plaignent de l'animosité dont ils sont l'objet de la part des agents de l'ordre. Nonobstant les membres du comité de sécurité du territoire dénoncent, à l'unanimité, la propension de la jeunesse à demeurer brutale et à vouloir se rendre justice.
A ce registre de tracasseries, il y a lieu d'ajouter l'arbitraire, l'ingérence, le trafic d'influence et l'usurpation des pouvoirs de la part des autorités chargées de protéger la population à Lodja. On relève ici l'orientation des cas vers des instances judiciaires inappropriées. Par exemple des affaires civiles saisies et traitées par l'Auditorat militaire ; des affaires tout le temps mises en compétition des O.P.J. à plusieurs offices à la fois ; des accords de liberté provisoire par les autorités non habilitées moyennant des frais colossaux allant jusqu'à 500 $ sans le moindre récépissé en contre – partie. Il convient de citer également le harcèlement exercé par l'autorité administrative avec la complicité des politiciens sur les Chefs coutumiers, en l'occurrence les chefs des groupements entraînant comme conséquence directe, des conflits de pouvoir et fonciers, les incendies des maisons et des bagarres entrainant parfois des pertes importantes en vies humaines.
I.8. DE LA SITUATION DES AGENTS DE CARRIERE DES SERVICES
PUBLICS DE L'ETAT DEPENDANT DU POUVOIR CENTRAL
Les agents de carrière des services publics de l'Etat dépendant du pouvoir central sont confrontés à des difficultés énormes dont quatre se posent principalement avec acuité. Il s'agit de (du) :
- retard dans le payement : les fonctionnaires sont payés souvent en retard suite au transit qu'effectue leur salaire à Mbuji-Mayi. Ils sollicitent au pouvoir central de faire recommandation en sorte que leur salaire arrive directement à Lodja à partir de Kinshasa. On résoudrait du coup deux questions notamment la question du retard de payement et celle de risque de détournement, comme a été le cas des retraités de Lodja qui ont connu un déficit de 5.000.000,00 Fc dans leur enveloppe salariale de Janvier à Mai 2012 ;
- l'impayement des agents nouvelles unités (N.U.) : certains agents qui pourtant travaillent autant que les autres et parfois plus ne sont pas payés depuis plusieurs années;
- le manque des bureaux : pour la plupart des services publics de l'Etat, cette situation n'est pas de nature à favoriser l'efficacité et le rendement du travail. Ainsi en attendant que le pouvoir central reprenne ses responsabilités, certains responsables ont pris l'initiative de construire des huttes (Notariat, Economie, P.M.E.A., etc.) qui abritent actuellement bon nombre de services publics de l'Etat qui, auparavant disposaient des jolis et spacieux bâtiments à cet effet ;
- le manque de moyens de transport : compte tenu de l'étendue très vaste du territoire en général et de la cité de Lodja en particulier, il est inconcevable que les services publics de l'Etat ne soient pas dotés d'un moyen de transport adéquat. Nous ne parlons pas de la P.N.C. Toutefois, à entendre les déclarations du Chef de division de l'environnement, District du Sankuru et des Chefs d'autres services installés à Lodja, l'unique véhicule de la supervision de l'Environnement ne sert pas aux courses du service de l'Environnement pour lequel il a été affecté. Il sert plutôt à l'individu pour des courses extra-services.
I.9. DE LA SPOLIATION DU PATRIMOINE PUBLIC ET PRIVE DE
L'ETAT
En matière du patrimoine public, le territoire de Lodja ressemble actuellement à un orphelin sans protecteur, ni moyen de défense personnelle.
En effet, si l'on posait la question à un ancien responsable du territoire de Lodja, originaire ou non, d'il y a deux à trois décennies, pour savoir à quoi Lodja ressemble, il s'étonnera d'emblée par la fâcheuse spoliation du patrimoine public par des individus. D'abord la concession qui abrite les bureaux du territoire est morcelée, occupée et coincée impitoyablement pour des fins commerciales et résidentielles, par des particuliers avec la complicité des certains agents irresponsables de l'Etat ayant la gestion des terres dans leurs attributions.
Le parquet, les abords de la prison centrale, le garage de l'Etat, les affaires sociales, l'Economie, l'agriculture, la poste, etc. ont vu leurs bâtiments disparaitre et leurs terrains actuellement occupés par des tiers. En conséquence, ces services publics de l'Etat sont à l'heure actuelle sans bureau. Ce n'est pas tout.
La cité jadis dite « européenne » qui abrite les résidences des autorités de l'Etat n'est pas non plus épargnée de cette opération de spoliation. Selon les déclarations des occupants actuels de ces maisons, tous les bâtiments de l'Etat destinés à la résidence des autorités ont été vendus aux originaires qui, dès lors, en deviennent des bailleurs. Exemple la maison qu'occupe le REDOCA aurait été vendue à 500 $.
Il y a longtemps, les concessions scolaires ont subi une vaste opération de morcellement et d'attribution aux tiers en la défaveur de l'Etat dont la jeunesse de Lodja était le bénéficiaire direct. A titre illustratif, l'ancien athénée de Lodja a accueilli de force à l'Est, à l'Ouest et au Nord des voisins impitoyables qui ont sensiblement réduit son espace (terrain de jeux, jardin, terrain prévu pour de nouvelles constructions, etc.). Il en est de même de l'Ecole Primaire d'Application du même athénée qui faisait jadis la fierté du territoire de Lodja.
Nous ne pouvons clore cette rubrique sans évoquer la spoliation de la grande concession de l'Office des routes d'où a été tiré le nom de tout un quartier qui ne reste plus que l'ombre de lui-même. L'Office des routes n'existe plus. La grande concession de l'ancienne poste (OPTC devenu SPTC) est envahie par les privés et son grand bâtiment délabré est, faute de mieux, occupé par d'autres services publics de l'Etat comme le parquet et son cachot.
Il y a donc lieu que l'Etat se défende pour récupérer ses biens indûment occupés par des tiers.
I.10. DU RESPECT DES FRONTIERES
Le territoire de Lodja est doublement au cœur du District de Sankuru et de la République Démocratique du Congo. Cette position géographique ne le permet pas de partager des frontières avec d'autres Etats. Toutefois la situation des limites administratives qui s'est posée avec le territoire de Lodja ne s'est plus répétée.
I.11. DES CONFLITS DE POUVOIR COUTUMIER
De tous les problèmes politiques qui gangrènent le territoire de Lodja, celui relatif aux conflits de pouvoir coutumier reste, de loin, le plus inquiétant. A la base se trouve les faux rapports présentés par certains Députés provinciaux au Gouverneur à Mbuji-Mayi.
Des déclarations émanant de diverses sources concordent sur une certaine complaisance du Gouverneur dans l'appréciation des rapports lui présentés par les députés provinciaux sur les Chefs coutumiers dont les pouvoirs sont régis par des textes et des procédures rigides. Parfois, les leaders politiques du niveau national interfèrent. Chacun tient mordicus à protéger et à placer des personnes de son obédience pour se constituer et/ou consolider sa base, surtout aux approches des échéances électorales.
Les conflits du pouvoir coutumiers à Lodja se posent avec plus d'acuité dans le secteur de Kondo-Tshumbe où l'on a enregistré plusieurs épisodes de violences ayant entraîné, dans le passé récent, d'incendies massives des maisons et des bagarres atroces avec parfois mort d'hommes. Il y a peu, des conflits de pouvoir coutumier se sont aussi manifestés dans les secteurs de Lukfungu et Lutshimba-Eduo-Piete-Kolombe. Ces conflits concernent non seulement les Chefs de groupements mais aussi les Chefs des villages. A y voir de près, ces conflits rétrogrades, archaïques et imbuvables portent les mêmes démons, les mêmes méthodes et donc les mêmes instigateurs.
Comme d'aucuns le savent, l'instabilité du pouvoir coutumier entraine ipso facto le désordre, la négligence et la paresse des populations qui s'intéressent alors moins aux activités productives, notamment celles liées à l'agriculture et à l'artisanat.
Il est donc souhaitable qu'au moment où la loi organisant le pouvoir coutumier en République Démocratique du Congo se fait toujours attendre, que des mesures de sécurisation de ce pouvoir soient prises et leur application suivie par le Ministère ayant les affaires intérieures dans ses attributions. De cette façon, il y a lieu de prévenir des dégâts liés à ces conflits et de garantir la paix devant permettre à la population rurale de s'adonner à des activités de production agricole dont le développement national a tant besoin.
I.12. DES CONFLITS FONCIERS
Il est vrai que des conflits fonciers existent à Lodja. Mais des cas précis ne nous ont pas été révélés pendant notre séjour de vacances parlementaires. L'on sait très bien qu'un bon nombre des cas traités, en instruction et à traiter au niveau des instances judiciaires locales concernent des conflits fonciers qui opposent tantôt l'Etat aux tiers, tantôt les tiers entre eux au sujet des espaces arables.
Toutefois il nous paraît plus responsable de mentionner un cas de conflit foncier de grande envergure en gestation entre deux villages, Hiahanga et Engangandja appartenant à deux secteurs voisins qui sont respectivement le secteur des Lukfungu et le secteur des Olemba. En effet, par sa lettre sans numéro du 11 Septembre 2012 ayant pour objet « Exploitation des forêts. Dos. Village Engangandja », le Chef du village Hiahanga, en groupement de Ndjele, secteur des Lukfungu, sollicite notre concours au côté de l'administrateur du territoire et de Chefs hiérarchiques pour obtenir le départ des ressortissants du village Engangandja du groupement Mpango, secteur des Olemba de leurs forêts qu'ils exploitent illégalement et pour lesquels ils les menacent d'attaque armée. Monsieur LONGALA OYENGE, Chef du village Hiahanga et signataire de ladite lettre précise que les envahisseurs de leurs forêts ne sont même pas voisins à eux car le groupement de Ndjele (Lukfungu) partage les limites non pas avec le groupement Mpango mais avec Kfumu (Olemba).
Nous estimons pour notre part que ce conflit foncier étant encore en gestation, il y a lieu que l'administrateur du territoire accompagné de ses services spécialisés (affaires foncières, agriculture, intérieur), un ou deux experts indépendants, les chefs des secteurs et des groupements concernés puissent se rendre sur le lieu pour le régler à temps avant qu'il ne dégénère.
II. SUR LE PLAN ECONOMIQUE ET FINANCIER
Dans ce chapitre, nous nous attèlerons sur trois points, à savoir :
- L'état des infrastructures à caractère économique ;
- La production et la commercialisation des biens ; et,
- La circulation de la monnaie.
II.1. DE L'ETAT DES INFRASTRUCTURES A CARACTERE
ECONOMIQUE
A Lodja, les infrastructures à caractère économique sont d'abord l'aéroport, les routes de desserte agricole, les barrages hydroélectriques, le marché central, la savonnerie, l'usine de premier triage de coton, l'usine de riz, le port de KELA, le centre commercial avec des services en gros, demi-gros et détail, etc.
Il se fait malheureusement qu'à l'heure actuelle toutes ces infrastructures ont atteint un niveau de délabrement très avancé, les unes ayant simplement disparu. Parmi celles-ci on peut citer les barrages hydroélectriques notamment celui des années 70 construit par la mission agricole chinoise (MAC) sur la rivière LONDA, la savonnerie, l'usine de riz, le centre commercial. Les routes de desserte agricole sont devenues des sentiers et l'évacuation des denrées alimentaires vers la cité de Lodja pose problème. D'où les prix très élevés de ces denrées au centre.
L'Office des routes de Lodja devient un véritable « éléphant blanc » dont les engins sont parqués sans utilité ; ce qui rend la population très sceptique pensant à une projection malicieuse pour une destination inconnue.
Le port de KELA, unique port viable du territoire, reste jusque-là artisanal alors que des baleinières y accostent régulièrement avec marchandises et passagers. La route qui relie ce port au centre de Lodja est négligée bien que régulièrement fréquentée par des camions qui y arrivent pour le chargement et le déchargement des marchandises. En conséquence, ce tronçon de route est souvent accidenté à cause de son état moins praticable. La disparition du centre commercial a gracieusement cédé la place au seul marché central des détaillants où chaque marchand fait sa loi au dépend de la pauvre population.
La plus importante des infrastructures à signaler est l'aéroport dont la piste est foutue, le tarmac en bosses et le bâtiment abritant différents services de l'Etat et passagers délabré et non équipé. Le petit bâtiment des services affectés à l'aéroport a été foudroyé depuis plus de deux ans dans sa partie nord. Depuis, aucune retouche n'y a été apportée. La toiture et le plafond perforés par la foudre ainsi perforés favorisent la percolation d'eaux de pluie qui ont cruellement amorti les murs et le pavement à ce niveau. Tout cela combiné et en conséquence, seuls les petits appareils de type Fokker et de petits cargos (Antonov) peuvent encore héroïquement y atterrir. D'où les titres de voyages par avion coûtent extrêmement cher au départ de Kinshasa, la seule ligne encore opérationnelle, soit 700 $ aller-retour, plus que le coût du billet aller-retour vers l'étranger.
C'est pourquoi, la réfection de l'aéroport de Lodja devient plus qu'un impératif pour le désenclavement de tout le territoire et par ici, tout le District du Sankuru. Ce sera une opportunité de créer une forte concurrence entre opérateur économique qui entraînera une baisse de prix de produits manufacturiers au bénéfice de la population. La réfection de l'aéroport de Lodja présente un autre avantage stratégique pour la Nation entière : la défense du territoire national. En effet situé au centre du pays, il sera plus aisé pour le pays d'intervenir militairement à partir de Lodja vers n'importe quel point de la République qui nécessiterait une intervention rapide des FARDC.
Ainsi tenant compte de ces multiples avantages, nous nous associons à la population de Lodja pour plaider en faveur de la modernisation et de l'élargissement de l'aéroport de Lodja. Le pays aura beaucoup à en gagner.
II.2. DE LA PRODUCTION ET DE LA COMMERCIALISATION DES BIENS
II.2.1. De la production agricole vivrière
De par sa vocation agricole, le territoire de Lodja a été de tous temps, le véritable grenier de deux Kasaï en général et du Sankuru en particulier. Les produits agricoles tels que le riz, le manioc, l'arachide, le maïs, la courge, toutes les variétés de bananes, le soja, la patate douce, toutes les variétés de haricot, l'ananas, le pistachier, la canne à sucre, etc., sans oublier une grande diversité d'autres arbres fruitiers dont les agrumes (oranger, mandarinier, citronnier, pamplemoussier), le safoutier, le manguier, le goyavier, le papayer, etc.
Malheureusement à ces jours, la plupart de ces produits agricoles sont, non seulement en voie de disparition par affections parasitaires, mais ils ne peuvent plus être commercialisés faute de routes pour leur évacuation vers les grands centres de consommation.
De tous les remèdes envisageables, il y a lieu de citer au premier plan la réfection des routes de desserte agricole. Car de la sorte, les villages producteurs seront accessibles, les produits seront écoulés et acheminés vers les grands centres de consommation (Lodja, Bena-Dibele, Tshumbe, Kananga, Mbuji- Mayi, et même Kinshasa).
II.2.2. De la production agricole industrielle
Il y a quelques décennies dans le registre de production agricole industrielle, le territoire de Lodja constituait une source importante de coton et de café.
Transformé en fibre, le coton aide à la production des vêtements, plus particulièrement des vêtements adaptés à notre climat tropical. A l'époque, une usine communément appelée « La cotonnière » était implantée à Lodja pour une transformation en partie du coton produit localement en couvertures et couvre-lits. Une autre partie, et c'est la plus grande, était destinée à la transformation plus raffinée pour la production des vêtements à grande échelle. A ce moment-là, la production cotonnière de Lodja était une importante contribution à la production nationale qui alimentait les usines de textiles comme les ex. CPA-Zaïre et Utexafrica à Kinshasa ainsi que Sotexki à Kisangani. Localement, la population se procurait des couvertures et couvre-lits à moindre frais.
A ce jour, la population est restée très hostile à la culture du coton et ne veut plus en entendre parler. Cette attitude serait justifiée d'une part par l'ampleur du travail jugée plus qu'une corvée pour réussir la culture et d'autre part par la nostalgie du caractère contraignant hérité de l'époque coloniale pour et par la population cultivatrice.
Quant à la culture du café, la population s'est totalement découragée de passer parfois des années sans campagne. La production a baissé certes, mais la culture continue, étant donné que le caféier est une plante pérenne qui, jusqu'à un âge avancé, ne requiert que l'entretien des vieux champs.
C'est pourquoi jusqu'aujourd'hui, de grandes quantités de café restent stockées dans les villages sans acheteurs, ni moyens pour leur évacuation vers les grands centres, notamment vers Kinshasa. Nous avons réussi à encourager les producteurs et à leur demander de s'organiser en réseaux, en associations ou en coopératives pour qu'en grands ensembles, on essaie de chercher d'éventuels partenaires sérieusement engagés.
II.2.3. Production minière : le diamant
Le territoire de Lodja est réputé pour son diamant de joaillerie enfoui dans toutes les rivières et tous les ruisseaux qui l'irriguent. La production a baissé depuis quelques années à cause, selon les acteurs du secteur, de la baisse de taux à la vente, auprès des acheteurs grossistes de Kinshasa et de l'étranger. C'est donc une question de conjoncture internationale dans ce secteur d'importance économique stratégique.
Néanmoins, cette production est entrain de reprendre d'ascenseur dans tous les cours d'eau, plus particulièrement à Onyama le long de la rivière Lubefu. Cette production artisanale devra faire place à une production industrielle moderne, déjà en essai par des privés, notamment à KELA.
II.3. DE LA CIRCULATION DE LA MONNAIE
A Lodja, la monnaie ne circule pas comme il faut. La faible circulation de la monnaie est un indice du taux élevé de la pauvreté des populations et même celui du dollar qui s'échange contre 930 Fc.
Tous les billets émis, jusque-là par le gouvernement de la République, circulent bien mais malheureusement en très petite quantité. Il s'agit des billets de 10 Fc, 20 Fc, 50 Fc, 100 Fc, 200 Fc et 500 Fc. De surcroit, les nouvelles coupures à grande valeur faciale sont également en circulation selon le rythme progressif programmé par le gouvernement.
III. SUR LE PLAN SOCIAL ET CULTUREL
III.1. DE L'ETAT DES INFRASTRUCTURES A CARACTERE SOCIAL
Parler des infrastructures à importance sociale, c'est faire allusion aux bâtiments et autres infrastructures scolaires, universitaires et hospitalières. Nous décrivons brièvement tour à tour la situation de ces infrastructures telles qu'elles se présentent actuellement à Lodja et les pistes de solution qu'il y a lieu d'envisager pour leur amélioration.
III.1.1. Infrastructure à caractère scolaire
Comme d'aucuns le savent, les infrastructures scolaires font partie intégrante du système éducatif. C'est dire que lorsque les bâtiments qui servent de classes et bureaux sont très délabrés et/ou n'existent pas du tout, l'enseignant et les élèves deviennent de véritables touristes en milieu dit scolaire l'instruction en pâtit fondamentalement et le résultat ne peut être que médiocre.
A Lodja, l'état des infrastructures scolaires n'est pas satisfaisant et il varie selon qu'il s'agit d'une école du centre ou des villages, d'une école privée ou publique.
Au niveau de la cité de Lodja, les écoles publiques souffrent de la vétusté des infrastructures et de la spoliation de leurs terrains, tandis que les écoles privées qui prolifèrent comme des champignons souffrent de l'inadéquation spatiale qui les rend, pour la plupart, non viables. Se servant de la complicité de l'autorité inspectorale et de l'éloignement avec le Ministère de l'E.P.S .P. qui délivre des arrêtés d'agrément sans une enquête réelle au préalable, de braves et intrépides tiers transforment sans vergogne leurs maisons d'habitation en école qui se situent même à deux mètres de profonds ravins en progression.
Aux villages, beaucoup d'écoles n'existent que de nom. Elles présentent un pitoyable état de délabrement qui affecte certainement la qualité de l'enseignement. Il y a encore des écoles qui fonctionnent sous les manguiers, sans tableau noir, ni craie blanche. Manuels scolaires ? N'en parlons pas ! Tout le monde semble se rabattre sur les candidats députés (nationaux et provinciaux). Le rôle de l'Exécutif, ne serait-ce que sur le plan du suivi est moins palpable dans les écoles des villages. Les parents ne contribuent plus à la construction et à la réfection des écoles sous prétexte que les directeurs et préfets bénéficient des frais de fonctionnement à cet effet. Ces frais de fonctionnement, s'ils sont versés, restent à vérifier quant à leur périodicité, leur taille, l'itinéraire, la destination et l'usage qu'ils empruntent. Les infrastructures scolaires, c'est également la bibliothèque, la vidéothèque, la librairie scolaire et le terrain des sports. Tout ceci n'existe plus.
Bref, l'état actuel des infrastructures place les enfants dans l'insécurité totale, c'est-à-dire insécurité physique, intellectuelle et morale.
III.I.2. Infrastructure à caractère universitaire
L'Université est une institution de formation et de sélectivité aux confins du savoir qui, partout au monde, constitue un outil irremplaçable du développement des peuples. Mieux organisée et rationnellement gérée, elle remplit merveilleusement sa fonction sociale pour le développement ; autrement, elle devient l'outil fabriqué par l'homme pour immoler l'homme. Il faut donc en faire un choix conséquent.
Le territoire de Lodja, notre circonscription électorale, compte à présent plus ou moins dix institutions d'enseignement supérieur et universitaire dont les plus en vue sont : l'Université de Lodja (UNILO), l'Université de science et technologie de Lodja (USTL), l'Université pédagogique de Lodja Poto (UPL-P), l'Institut supérieur d'études agricoles (ISEA), l'Institut supérieur technique médical (ISTM), l'Institut supérieur des arts et métiers (ISAM) et le Grand séminaire de Shapembe.
Tout en étant une très bonne chose pour l'essentiel de la question qu'elle est appelée à résoudre, cette prolifération des institutions d'enseignement supérieur et universitaire semble créer d'autres problèmes probablement plus délicats. Il s'agit essentiellement du manque d'infrastructures et matériels appropriés pour faire asseoir la formation attendue, de la disponibilité en corps professoral requis et des entreprises et services devant servir de cadre de réalisation de stage pour les jeunes pré-finalistes et finalistes de ces institutions.
Certaines institutions fonctionnent simplement à la belle étoile, d'autres sont locataires des maisons d'habitation et/ou des dépôts commerciaux, attendant courageusement et presque désespérément les promesses dilatoires, délocalisables et démagogiques du pouvoir public. La victime ultime de cet état de chose reste le jeune congolais de Lodja ainsi que ses parents, et donc, l'avenir du pays qui se voit compromis.
En effet, comment peut-on se laisser faire qu'une Faculté de médecine ne dispose pas suffisamment du matériel élémentaire tel que le microscope, les lames et lamelles couvre objet, pour ne citer que ça ? Comment former un cadre en technologie de pointe sans électricité, ni ordinateur effectivement fonctionnel ? Comment obtenir un agronome qualifié sans un seul pH-mètre pour déterminer ne fut-ce que la nature chimique du sol ? Comment former, à l'heure actuelle, un cadre universitaire sans bibliothèque ni connexion Internet ? Et, la liste d'interrogations reste ouverte.
Nous ne voudrions pas multiplier ces questions qui paraitront toute somme académique. Ici, nous nous trouvons au point de non retour et exhortons le pouvoir public à s'assumer pour s'occuper de la jeunesse congolaise de Lodja au travers de toutes ces institutions d'enseignement supérieur et universitaire par le financement, l'équipement et la formation du personnel enseignant. Sinon, de supprimer celles qui sont jugées non viables au terme d'un contrôle sérieux.
III.1.3. Infrastructures hospitalières
Nous avons eu à visiter quelques institutions sanitaires dont l'hôpital général de référence de Lodja. Parlant particulièrement de cette institution, il faut avouer que seule la façade principale donne encore l'idée d'un hôpital.
A l'intérieur, les laboratoires sont inexistants, les salles d'hospitalisation ressemblant aux cellules d'un centre pénitencier, des bureaux des médecins confinés, etc. Un phénomène étonnant que nous avons rencontré est l'existence d'u générateur électrique de 50 KVA qui traîne sans être mis en service. Ce groupe électrogène aurait pu faciliter certaines opérations et l'amélioration des services dans cet hôpital.
Cette situation affecte directement la qualité de service dont la population est la victime ultime et ce, malgré la compétence éprouvée et la bonne volonté des médecins et infirmiers affectés à cet hôpital dit de référence. La conséquence directe et très visible est l'afflux des patients de Lodja vers les hôpitaux de Kole (en territoire de Kole) et de Katako (en territoire de Katako-Kombe).
Fait également partie de déficit infrastructurel de santé, le manque d'une morgue à Lodja. Cette infrastructure qui n'est autre qu'un ensemble de chambres froides dans lesquelles les cadavres sont conservés momentanément avant leur enterrement, fait atrocement défaut. L'on sait bien qu'une morgue ne sert pas seulement à l'exigence culturelle de rendre les derniers hommages par les membres des familles et les connaissances lointaines aux morts, mais elle est aussi et surtout une stratégie de prévention contre la contamination d'éventuelles maladies dont les agents entrainent la mort vis-à-vis des personnes en vie.
Un fait qui mérite également d'être signalé est la naissance peu avant notre arrivée à Lodja des jumeaux siamois du type très compliqué, car ayant deux têtes bien fonctionnelles pour deux jambes, quatre bras, un seul ventre et un sexe. Nous avons pris l'engagement de porter cette information à la connaissance des autorités à Kinshasa en vue de la possibilité d'une prise en charge conséquente.
PROFESSIONNEL, SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE
Nous voudrions préciser à ce niveau que l'école est un droit pour tout enfant congolais mais aussi un devoir aussi bien pour les parents que pour le gouvernement de la République. Compris sous cet angle, la question de l'accessibilité de la jeunesse à l'enseignement primaire, secondaire, professionnel, supérieur et universitaire ne se poserait pas à Lodja dès lors qu'il y existe suffisamment d'institutions de formation.
Malheureusement l'innommable pauvreté qui s'abat farouchement sur les parents rend les uns et les autres incapables de s'acquitter comme il se doit leurs obligations respectives dans ce secteur délicat de la vie.
Le niveau supérieur et universitaire pose un réel problème des frais académiques divers, auxquels s'ajoutent l'achat des notes communément appelées syllabus, les frais de transport pour les cours, la restauration, les soins de santé en cas de maladie, etc.
Aux niveaux secondaire et professionnel, les choses sont loin d'être meilleures. En effet, outre les frais scolaires fixés à volonté par les responsables des écoles et à payer obligatoirement avant le début des enseignements, il existe d'autres obligations liée s à la tenue et aux objets classiques (cahiers, manuels, …) dont le nombre et la qualité sont actuellement exigées par les directions scolaires.
La question que l'on se pose partout est la suivante : comment des parents d'une part, paysans dont la production agricole n'est plus vendue à cause de l'état impraticable des routes de desserte agricole et d'autre part, fonctionnaires impayés ou mal payés peuvent-ils s'acquitter correctement de cette obligation, pourtant naturel et civique ? La gratuité des frais qui venait d'être décrétée par le pouvoir public à l'école primaire est certes d'application. Mais aussi faut-il se le dire, à quelle proportion contribuent ces frais gratifiés par rapport à l'ensemble d'obligations auxquelles les parents doivent faire face ? Il y a de quoi affirmer que les dirigeants scolaires ont su contourner les mesures d'allégement prônées par le gouvernement, mesures qu'ils appliquent certes, mais tout en créant d'autres contraintes pour maintenir les parents dans une incapacité permanente de faire instruire correctement leurs enfants.
A tout état de chose, le pouvoir public doit pouvoir s'assumer en ayant un regard responsable sur l'organisation , le fonctionnement, l'évaluation et le suivi des structures éducationnelles qui doivent faciliter l'accès du jeune congolais de Lodja à la formation.
III.3. DE L'ADMINISTRATION DES SOINS DE ANTE
La présence n'une institution de santé ne peut se justifier dans une contrée que lorsque les soins sont bien administrés aux patients par un personnel médical qualifié. En principe, la question de l'administration des soins pose une double problématique qui soulève autant d'interrogations :
La première porte sur la disponibilité du service comprenant les produits pharmaceutiques, le matériel médical et le personnel compétent et dévoue. C'est donc un aspect plus technique qu'administratif. Vue sous cet angle, à Lodja, l'administration des soins de santé se heurte fondamentalement au manque des produits médicamenteux, à l'absence du matériel médical approprié notamment pour des examens et analyses médicaux spécialisés et à l'absence d'une source d'énergie. Le générateur de 50 KVA qui est logé dans l'enceinte de l'Hôpital n'est pas utilisé, sans motif convaincant et on n'en sait rien de plus.
La deuxième problématique se pose sous l'angle des possibilités propres dont disposent les malades de Lodja à accéder aux soins. Ceci touche du doigt la politique générale de santé publique. Elle constitue un autre problème qui mérite une attention particulière et d'être traité dans une rubrique à part.
III.4. DE L'ACCES AUX SOINS DE SANTE
Il n'existe pas actuellement de service social dans notre pays qui s'occupe de la question d'accessibilité aux soins de santé par la population. Les produits médicamenteux sont rares, du fait surtout de l'enclavement du territoire. Les centres de santé sont, certes, éparpillés à travers l'étendue du territoire, mais la rareté des produits et la farouche pauvreté qui frappe la population ne permettent celle-ci à accéder facilement aux soins de santé nécessaires.
Cette question se pose autant au centre de Lodja que dans les villages. Ici, les infirmiers Chefs des centres de santé tentent, sur ordre du Médecin Chef de Zone de Santé ou sur leur propre initiative de procéder au système de troc pour aider les pauvres villageois. Hélas, ils sont souvent confrontés au problème de révision de stocks, notamment là où l'on peut encore trouver quelques produits.
III.5. DE LA PRISE EN CHARGE DES PERSONNES VULNERABLES
Par personnes vulnérables, il faut entendre l'ensemble de personnes vivant avec VIH (PVV), enfants, vieillards, personnes vivants avec handicap, veuves et orphelins, etc.
En ce qui concerne les PVV, il y a lieu de louer l'action très visible et salutaire du PNMLS à Lodja. Les concernés sont effectivement pris en charge dans les limites du possible de ce service. Il en est de même pour les enfants qui bénéficient ponctuellement de la vaccination, notamment contre la poliomyélite, la rougeole, la coqueluche, l'autorité sanitaire en juge l'opportunité.
Par contre, il n'existe plus de home des vieillards à Lodja. Seule l'Eglise catholique vient ponctuellement en aide à ces personnes de troisième âge avec du savon, des denrées alimentaires, des vêtements, et même de l'argent, etc. chaque fois que c'est possible. Quant aux personnes vivant avec handicap, elles sont bien organisées à leur niveau tentant ainsi de se prendre en charge. Pour ce faire, ils approchent quiconque elles estiment capable de répondre à leur sollicitation pour poser leur problème. Mais il n'existe pas d'assistance systématique d'un quelconque service de l'Etat en leur faveur.
III.6. DE LA PREVENTION DES MALADIES
Comme on peut se le rappeler, la politique normale de santé publique s'organise autour de deux objectifs. Le premier consiste à connaître l'état sanitaire de la population, par l'étude des causes et de l'évolution des maladies infectieuses, grâce aux observations des services de médecine publics (médecine scolaire, militaire, médecine du travail) et d'un réseau de médecins généralistes bénévoles. Cela consiste à l'administrer des soins, à accéder aux soins de santé et à prendre en charge des personnes vulnérables comme il vient d'être dit ci-haut. Le second objectif procède à lutter contre les maladies, notamment par la prévention.
En effet, les actions de lutte contre les maladies sont principalement constituées de mesures de prévention et/ou de dépistage. Les mesures de prévention englobent les vaccinations obligatoires organisées par le gouvernement central ou provincial, les vaccinations facultatives mais recommandées et des actions de prévention en faveur des futurs parents, des jeunes mères et des enfants, assurées grâce aux services de Protection maternelle et infantile. Les actions de dépistage ont pour principal but de déceler des cas de malformation congénitale, de cancer et de sida qui nécessitent des prises en charge obligatoires par le pouvoir public.
Ainsi à Lodja, si les actions de prise en charge des PVV et de la vaccination obligatoire sont effectives, celles de cancer et de malformation congénitale ne le sont pas. On dirait même que le pouvoir public ne s'en intéresse pas.
Nous en voulons pour illustration, des jumeaux siamois nés depuis début août et qui grandissent comme tel à Lodja, pendant que le Médecin Chef de Zone de Santé pousse en vain un cri d'alarme pour obtenir leur prise en charge responsable.
III.7. DE LA PROMOTION DE L'EGALITE DE CHANCES ENTRE LES SEXES
Depuis l'arrivée de S.E. Joseph KABILA à la tête de la RD Congo en 2001, le militantisme féministe s'exerce dans trois domaines principaux : la défense des droits acquis, l'extension des droits politiques et la lutte contre les discriminations professionnelles et salariales. Selon notre enquête, la situation serait telle que les progrès des femmes congolaises observés ailleurs, dans les domaines politiques et professionnels, ne concernent littéralement pas le territoire de Lodja.
En effet dans cette partie de la République, le constat irréfutable reste la sous-représentation des femmes au sein des institutions politico-administrative. Les femmes du territoire de Lodja qui représentent un peu plus de la moitié de l'électorat. Néanmoins, ne sont représentées ni à l'Assemblée nationale (0 sur 4), ni à l'Assemblée provinciale (0 sur 6) et encore moins dans le gouvernement central (0 sur 1). Le Comité de sécurité du territoire de Lodja réunit une bonne dizaine de personnalités (Administrateur du Territoire, le REDOCA de l'ANR, le Directeur de la DGM, le Commandant District de Police, le Procureur de la République, l'Auditeur Militaire, le Premier Président du Tribunal de Paix, le Chef de cité, etc.), avec bien sûr l'A.T. en tête, aucune femme parmi ces personnes.
A la petite territoriale, il n'y a aucune femme parmi les cinq dirigeants administrativement les plus en vue du territoire (Administrateur du territoire et on adjoint ainsi que le Chef de cité et ses deux adjoints). Aucune femme non plus parmi les Chefs de huit secteurs qui composent le territoire de Lodja.
Parmi les Chefs de services publics de l'Etat venus nombreux à notre rencontre, l'on pouvait constater à peine une et une seule dame ; celle qui dirige le service d'Action Humanitaire et Solidarité Nationale) laquelle a, curieusement su défendre non seulement la cause des femmes de Lodja mais également celle de tous les agents et fonctionnaires de services publics de l'Etat à Lodja. C'est à l'enseignement et aux secrétariats de différents services qu'il y a encore lieu de rencontrer des femmes fonctionnaires.
Tout porte à croire que l'ensemble de plus de 170 000 femmes du territoire de Lodja ne disposent d'aucune représentante dans la classe dirigeante. C'est une injustice manifeste, bien que les mécanismes d'éventuelles corrections soient fondamentalement compliqués. Autant que nous exhortons les femmes de Lodja à militer pour leur représentation significative dans les structures du pouvoir et de l'égalité de droits entre les sexes, par ailleurs consacrées par la Constitution congolaise, surtout nous invitons les décideurs nationaux et provinciaux à faciliter l'intégration de la femme dans la direction du pouvoir local à Lodja.
D'abord relayée par les institutions nationales, cette revendication devra trouver un écho favorable au sein de l'opinion et des pouvoirs publics, en suscitant un large débat sur le bien-fondé d'une représentation des femmes. Nous sommes partisans de ceux qui se disposent à promouvoir la parité et à faire valoir le caractère essentiel, constitutif de l'humanité et du sexe à Lodja. Ici, les femmes ne sont pas une catégorie de citoyens parmi d'autres, mais la moitié de l'humanité locale.
III.8. DE LA SECURITE SOCIALE
La sécurité sociale est, par essence, l'ensemble des institutions garantissant aux travailleurs et à leurs familles un revenu de remplacement et des prestations sociales en cas de maladie, de maternité, d'invalidité, d'accident du travail ou de décès. Contrairement à ce que l'on remarque dans le reste du pays, rien de tout ceci n'est organisé à Lodja.
Comme il n'est pas possible de donner la description complète du système pour des risques et régimes inexistant, nous ne prendrons ici qu'un cas supplétif: celui du risque vieillesse des personnes retraitées, civils et militaires, qui devient de plus en plus un cauchemar pour les bénéficiaires.
En effet selon les informations recueillies à l'Antenne de Lodja du « Service de la Fonction publique chargé des retraités et rentiers », jusqu'à la fin de notre séjour des vacances parlementaires (fin septembre 2012) les agents retraités de l'Etat du ressort de Sankuru en général et de Lodja en particulier demeurent impayés des mois de juillet, d'août et de septembre 2012. Déjà trois mois, c'est trop ! Comme la situation persiste au moment de la rédaction du présent rapport, soit au-delà du 20 octobre 2012, on voit que ces retraités sont en train de traverser leur quatrième mois d'impayement dans la totale indifférence des autorités compétentes, aussi bien nationales que provinciales.
Selon la même source, les personnes retraitées de Lodja souffrent du retard de payement suite également au circuit suivi par leur dû qui, jusque-là transite par le chef-lieu de la province – Mbuji-Mayi- alors qu'il y a possibilité que cet argent leur parvienne directement de Kinshasa à Lodja. Il serait seulement question d'ouvrir un compte à cet effet à la Banque Centrale du Congo qui a une agence bien opérationnelle sur place.
Par ailleurs cette rente, même si elle était régulièrement payée, que vaudrait-elle actuellement sur le marché ? Tenez. Dans l'ensemble de retraités civils payés sur listing du district de Sankuru, le mieux payé touche 5.028 Francs congolais (soit 5,41 $ US) contre 599 Francs congolais (soit 0,64 $ US) pour le moins payé. Quant aux retraités militaires payés sur listing du district de Sankuru, le mieux payé touche 4.848 Francs congolais (soit 5,22 $ US) contre 599 Francs congolais (soit 0,64 $ US) pour le moins payé.
Pendant que 2.166 retraités du Sankuru dont 1.445 civils et 721 militaires attendent impatiemment leur rente de quatre mois, 1.047 autres dont 384 civils et 663 militaires sont simplement impayés puisqu'omis depuis sur les listings de paie depuis plusieurs mois.
Comme on peut le constater, la Sécurité sociale est en effet déficitaire dans cette partie de la République ; l'assurance maladie, de maternité, d'invalidité, d'accident du travail ou de décès est inexistante. In globo, sous ce constat malheureux se cache la situation particulière des retraités civils et militaires du Sankuru en général et ceux de Lodja en particulier. Nous nous sommes engagé et faisons nôtre la préoccupation des retraités, et sollicitons l'implication des autorités nationales et provinciales pour destiner aux retraités du Sankuru leur rente directement à Lodja au lieu que ça transite toujours par Mbuji-Mayi. Avec tous les risques et toutes les conséquences que cela peut entraîner.
III.9. DE LA PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT ET DES ECOSYSTEMES.
Par simple définition, le concept « environnement » constitue un ensemble des caractéristiques physiques, chimiques et biologiques des écosystèmes plus ou moins modifiées par l'action de l'homme. Dans la compréhension populaire actuelle, le mot « environnement », d'origine anglaise, s'est substitué peu à peu au mot « milieu ». Tandis qu'un écosystème est une unité écologique fonctionnelle qui regroupe une communauté animale et végétale, et le milieu que cette communauté occupe avec toutes les interactions nécessaires.
Dès lors, la protection de l'environnement et des écosystèmes devient la protection et l'utilisation durable des ressources naturelles et artificielles telles que le sol, l'eau, les plantes, les animaux, les minéraux, les routes, les immeubles, etc. qui constituent un capital important, dont la mauvaise utilisation entraîne des pertes notamment économiques et écologiques.
La question se pose avec une acuité relative à Lodja et, au regard de nos observations personnelles et des informations reçues de la base, il convient d'évoquer trois cas essentiels : La déforestation qui menace la flore et la faune, la prolifération de l'élevage des bovins qui menace le pâturage et la dégradation des sols par des érosions.
III.9.1. La déforestation
Le territoire de Lodja se situe à la lisière des Forêts du Bassin du Congo (FBC) très riches en biodiversité aussi bien de faune que de flore. La déforestation de cette végétation est perceptible et les causes principales sont l'agriculture itinérante sur brulis, l'abattage des bois d'œuvre le long des rivières Lubefu et TAKEDI et, d'une manière clairsemée, la poussée de la savane limitée notamment à la partie Est du territoire. Car à l'Ouest du territoire, un phénomène totalement inverse s'observe. En effet dans le Secteur des Lukfungu, Ouest de Lodja à la limite avec Kole, on observe une poussée forestière qui fait reculer naturellement le paysage savanicole.
Comme on le sait tous, la déforestation entraîne des pertes importantes d'animaux et des plantes, pourtant très utiles comme ressources sur lesquelles s'assoient également l'économie pour un développement durable du pays. Les arbres sont donc des maillons essentiels de la chaîne de la vie qui jouent un rôle vital dans la régulation des climats et du cycle de l'eau. Un principe de base pour la protection de la faune est de lui fournir une nourriture naturelle suffisante et des abris adéquats afin de maintenir un peuplement de chaque espèce dans un habitat donné. La destruction de l'habitat causée par l'irrigation, l'agriculture et l'expansion urbaine constitue une menace importante pour la faune. Il en est de même de la fragmentation en parcelles devenues trop petites pour permettre la survie de certains peuplements.
C'est pourquoi, nous ne sommes pas gênés d'inviter notre base à une exploitation rationnelle de ressources enfouies dans nos forêts.
III.9.2. L'élevage des bovins : une énigme
Le concept « bovin » représente un groupe de mammifères de la famille des bovidés, au corps lourd, au crâne large surmonté de cornes chez les deux sexes, dont plusieurs espèces ont été domestiquées, comprenant notamment les bœufs, les buffles et les bisons. On parle d'espèce bovine pour désigner plus précisément l'ensemble des membres de l'espèce du bœuf domestique et, c'est de cette espèce qu'il s'agit à Lodja.
Dans cette partie de la République, seule la ferme de KABY[3] organisait cette forme d'élevage. Depuis quelques décennies, la pratique s'est répandue presque partout, de l'Est à l'Ouest et du Nord au Sud.
Une très bonne chose en soi dans la mesure où il contribue efficacement à la lutte contre la malnutrition, notamment contre la carence en protéine d'origine animale, l'élevage de cette espèce animale entraîne quelques désagréments de nature environnementale sur le milieu.
En effet cet autre côté de la pratique commence à poser problème : c'est celui de la dégradation du pâturage disponible. Si le problème ne se pose pas encore avec la même acuité à l'Est et au Sud, il n'en est pas de même à l'Ouest et au Nord où des espèces « forestogènes naturelles » commencent à réduire sensiblement les espaces savanicoles.
En attendant mieux, nous avons exhorté les éleveurs à considérer que le pâturage puisse être pratiqué librement, pas d'une manière continue puisqu'il entraîne le gaspillage d'une quantité importante d'herbe. Mais d'une manière discontinue. C'est-à-dire pratiquer les techniques de pâturage rationné selon lesquelles les herbages sont cloisonnés. Dès que les animaux ont terminé de brouter le pâturage d'une des divisions, on les fait passer dans une autre et, ainsi de suite.
III.9.3. La dégradation des sols
De toutes les caractéristiques actuelles du territoire de Lodja, la plus honteuse est, sans conteste, la présence de plusieurs érosions très longues et profondes qui fragmentent la ville et enclavent les différents quartiers. En effet, plus de dix têtes d'érosions sont en progression continue dans la cité de Lodja. Les unes ont atteint des niveaux critiques qui nécessitent des moyens colossaux, car comme on dit « aux grands maux-grands remèdes », d'autres sont encore relativement graves et peuvent encore être combattues avec des moyens relativement importants.
A en croire la population, des efforts auraient été déployés pour arrêter leur progression, mais hélas, ils se sont avérés tous impuissants.
En conséquence, la cité de Lodja a complètement perdu son centre commercial qui faisait la fierté des opérateurs économiques dans le passé. Ceux-ci se sont délocalisés à cause entre autres raisons, de la présence des ces érosions sans cesse progressives. Le quartier Lokenye présente une particularité car presque chaque cellule est attaquée par au moins une tête d'érosion. D'une manière plus particulière, la cellule Office des Routes est en voie de disparition puisque deux graves érosions qui ont réussi à chasser une grande partie des habitants. Le quartier Essence est complètement coupé du centre commercial et du quartier Mission catholique par une autre série d'érosions. Le quartier Lumumba qui longe la rivière Londa au Nord de la cité de Lodja, est menacé d'un embrasement total en particulier dans sa cellule de Ndjili par une suite de têtes d'érosions éparses et radicalement agressives. Ceci est vrai d'autant plus qu'il y a quelques années l'on a enregistré des éboulements qui ont entraîné des pertes de maisons d'habitation et d'autres matériels importants. Au quartier Hôpital, les cellules Mukuse et Owala sont menacées d'éboulement total. Ce faisant, une bonne partie de la population de ces cellules a déjà fui la progression méchante des têtes d'érosions sans moyen de les stopper. Et le récit n'est pas exhaustif.
L'environnement, c'est aussi la question liée à la conservation des sols qui se pose à Lodja. Une des méthodes actuelles classiques de conservation du sol consiste à diviser les terres en différentes zones selon leur usage. Les sols les plus stables sont ainsi destinés à des cultures annuelles, alors que sur les autres sont cultivées des plantes vivaces comme l'herbe et les légumineuses, ou encore laissés aux pâturages pour les éleveurs des bovins qui prolifèrent déjà, ou aux forêts.
Il existe une autre méthode de conservation, qui consiste à faire alterner différents types de plantes au cours de la rotation des cultures (terres arables). Ce type de culture retient et protège le sol pendant la croissance de la plante, et fournit au sol des matières organiques très utiles lors du labourage. De plus, les méthodes de culture qui laissent des résidus à la surface du sol constituent un progrès déterminant dans l'exploitation des terres. Dans de nombreuses régions, ces techniques ont supplanté l'utilisation de la charrue à versoir, associée à la pratique dite de culture propre, qui laissait la surface du sol exposée à toutes les formes d'érosion naturelle. Pourquoi ne devrait-on pas recourir à toutes ces techniques ?
Il faut donc une solution qui soit à la fois efficace et prompte. Sinon, la cité de Lodja dite Poto risque de disparaitre totalement. L'érosion des sols dépend de la nature et de la structure du sol, de la couverture végétale, de la pente et des conditions atmosphériques. De plus, elle peut être aggravée par certaines pratiques agricoles que l'on doit absolument interdire sur tout l'espace urbain et péri-urbain de Lodja.
Nous sommes heureux d'avoir répondu à cette obligation constitutionnelle et réglementaire en effectuant ce voyage des vacances parlementaires à notre base de Lodja pour palper du doigt les réalités de la vie de nos électeurs. En général, le territoire de Lodja s'inscrit dans la dynamique globale de la République Démocratique du Congo avec tout ce que cela implique de pauvreté et d'injustice que le gouvernement central est entrain de combattre farouchement.
Dans le cadre de ce combat, une association d'efforts est requise : gouvernement, représentants du peuple et la population. C'est ainsi que nous recommandons, aux uns et aux autres, ce qui suit :
1. AU GOUVERNEMENT CENTRAL
Ø Inscrire la réfection et l'élargissement de l'aéroport de Lodja parmi les priorités économiques ;
Ø Veiller à la mécanisation des agents et fonctionnaires de l'Etat encore sur la liste des « Nouvelles Unités » et transmettre le salaire des autres directement à Lodja, sans transiter par Mbuji-Mayi ;
Ø Faire le suivi des engins de l'Office des routes dont certains sont stationnés et d'autres auraient pris une destination inconnue ;
Ø Doter l'Hôpital Général de référence de Lodja d'une morgue et faire le suivi d'un générateur 50 KVA en vue de sa mise en fonction effective ;
Ø Se montrer sensible aux petits projets de réfection des routes de desserte agricole pour favoriser l'évacuation des denrées alimentaires et autres produits agricoles vers les grands centres de consommation ;
Ø Favoriser l'électrification de la cité de Lodja pour permettre l'émergence des petites et moyennes entreprises dans le cadre de la politique nationale de croissance économique ;
Ø Lutter efficacement contre les érosions qui menacent déjà l'intégrité du territoire de Lodja et ce, par un financement et des méthodes appropriés ;
Ø Doter les services publics d'un moyen de transport leur permettant de mouvoir facilement dans le cadre de leurs attributions respectives ; ce qui leur donnerait une certaine indépendance vis-à-vis des partenaires privés nantis ;
Ø Faire un suivi efficace pour la viabilité des institutions d'enseignement à tous les niveaux ;
Ø Instruire les services provinciaux ou agir directement dans le sens de la récupération de maisons et terrains de l'Etat vendus aux tiers, rendant ainsi l'Etat locataire permanent à Lodja ;
Ø Prendre des dispositions utiles pour que les agents de l'Etat « Nouvelles Unités » soient mécanisés et payés dans les délais humainement raisonnables et que la rente des retraités (civiles, militaires et policiers) leur parviennent directement à Lodja, sans transiter par Mbuji-Mayi.
2. AU GOUVERNEMENT PROVINCIAL
Ø Accompagner le gouvernement central dans ses efforts de réfectionner et d'élargir l'aéroport de Lodja en l'inscrivant parmi les priorités économiques de la province;
Ø Intervenir auprès de l'autorité nationale pour obtenir la mécanisation des agents et fonctionnaires de l'Etat encore sur la liste des « Nouvelles Unités » et favoriser la transmission de leur salaire ainsi que la rente des retraités (civils et militaires) directement à Lodja, sans transiter par Mbuji-Mayi ;
Ø Faire le suivi des engins de l'Office des routes dont certains sont stationnés et d'autres auraient pris une destination inconnue ;
Ø Solliciter auprès du gouvernement central que l'Hôpital Général de Référence de Lodja soit doté d'une morgue et faire le suivi d'un générateur 50 KVA y existant en vue de sa mise en fonction effective ;
Ø Promouvoir des petits projets de réfection des routes de desserte agricole pour favoriser l'évacuation des denrées alimentaires et autres produits agricoles vers les grands centres de consommation ;
Ø Inscrire l'électrification de la cité de Lodja parmi les priorités économiques provinciales pour favoriser l'émergence des petites et moyennes entreprises à Lodja ;
Ø Contribuer à la lutte contre les érosions qui menacent l'intégrité du territoire de Lodja et ce, en y consacrant un financement dans les limites du gouvernement provincial ;
Ø Solliciter, en faveur des services publics de Lodja, un moyen de transport leur permettant de mouvoir facilement dans le cadre de leurs attributions respectives ;
Ø Faire un suivi efficace pour la viabilité des institutions d'enseignement, particulièrement au niveau primaire, secondaire et professionnel ;
Ø Déclencher un mécanisme de la récupération de maisons et terrains de l'Etat vendus aux tiers à Lodja.
3. AUX AUTORITES POLITICO-ADMINISTRATIVES DE LODJA
Ø Se montrer efficace et fortes en initiatives de développement et de pacification de l'ensemble du territoire de Lodja ;
Ø Initier des projets de réfection de l'aéroport et d'électrification de Lodja ;
Ø Faire le suivi des engins de l'Office des routes dont certains sont stationnés et d'autres auraient pris une destination inconnue et en faire rapport à la hiérarchie;
Ø Solliciter une morgue pour l'Hôpital Général de Référence de Lodja et faire le suivi d'un générateur 50 KVA y existant en vue de sa mise en fonction effective ;
Ø Promouvoir des petits projets de réfection des routes de desserte agricole pour favoriser l'évacuation des denrées alimentaires et autres produits agricoles vers les grands centres de consommation ;
Ø Arrêter des tracasseries administratives et policières dont la population est victime aussi bien à la cité de Lodja que dans les villages ;
Ø Encourager des projets d'électrification de la cité de Lodja pour favoriser l'émergence des petites et moyennes entreprises à Lodja ;
Ø Lutter contre les érosions qui menacent l'intégrité du territoire de Lodja et ce, en y consacrant un financement local disponible, en attendant d'éventuelles interventions des gouvernements central et provincial ;
Ø Solliciter, auprès de la hiérarchie, un moyen de transport permettant la mobilité de services de l'Etat dans le cadre de leurs attributions respectives ;
Ø Rester regardant sur la viabilité et le fonctionnement des institutions d'enseignement fonctionnant à Lodja à tous les niveaux ;
Ø initier un mécanisme pour la récupération de maisons et terrains de l'Etat vendus aux tiers à Lodja et, à cet effet, contacter la hiérarchie provinciale et nationale.
Ø Eviter de se prendre aux pièges des politiciens sur la génération des conflits fonciers et se déployer pour résoudre, de la manière la plus durable possible, les conflits fonciers latents à Lodja, en particulier celui qui oppose déjà les villages Hiahanga (secteur des Lukfungu) et Engangandja (secteur des Olemba).
4. AUX ELUS DU PEUPLE
Ø Jouer effectivement le rôle de charnière entre la population et l'Exécutif à tous les niveaux ;
Ø Dire et montrer aux autorités locales comment elles doivent faire bien leur travail à Lodja et non pas leur adresser des menaces ou agir en complicité avec elles dans la mauvaise gestion des affaires de l'Etat ;
Ø Contribuer efficacement à l'éducation de la population en lui montrant, sans complaisance, sa part de responsabilité dans la recherche de son bien-être ;
Ø Eviter de s'associer à ceux qui, au lieu de faire progresser le territoire de Lodja, se seraient résolus à le faire reculer en s'appropriant des biens de l'Etat ;
Ø Promouvoir la concertation d'une part, entre les élus, provinciaux et nationaux ; d'autre part, entre les élus et l'Exécutif (national, provincial et local).
5. A LA POPULATION
Ø Eviter de tout attendre des autorités politiques et administratives et s'adonner aux activités génératrices de revenus, notamment la culture de la terre ;
Ø Apprendre à connaitre ses droits et savoir se les défendre chaque fois qu'un agent de l'ordre et/ou une autorité est tenté d'en enfreindre intentionnellement ;
Ø Initier des petits projets de développement sous l'encadrement des techniciens du territoire et des ses élus à tous les niveaux ;
Ø Considérer l'instruction des enfants comme la première priorité de leur vie moderne et éviter de faire confiance aux promesses, parfois fallacieuses.
ANNEXES
[1] Projections démographiques et population d'âge électoral calculées selon NGONDA et al, 1986.
[2] Commission électorale nationale indépendante (CENI) : enrôlement de la population en RDC, juin 2011.
[3] KABI est un sigle qui, avec toutes les réserves, signifie : Centre Agricole et des Bovins de Yimbo.
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